L’urgence d’interdire de nouveaux projets d’énergie fossile
Dans l’espoir de limiter le réchauffement climatique à un seuil sécuritaire, l’Agence internationale de l’énergie conclut qu’il faut dès maintenant abandonner tout projet d’exploration ou d’exploitation d’énergie fossile.
En effet, pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050 et limiter le réchauffement global à 1.5 degrés, les pays doivent renoncer au développement de tout nouveaux projets pétroliers et gaziers qui ne seraient pas déjà exploités en ce moment. Cette nouvelle trajectoire énergétique qui devra être suivie pour respecter l’accord de Paris ne fera pas complètement disparaitre les énergies fossiles, mais elle ouvre la voie aux recommandations affirmant que d’ici 2050, il faudrait réduire d’au moins 55% l’utilisation du gaz naturel et de 75%, l’utilisation du pétrole. Le charbon, qui est la pire des énergies fossiles, devrait, pour sa part, être entièrement éliminé. L’AIE souhaite faire valoir la nécessité de donner la place aux énergies renouvelables en affirmant que la trajectoire accélérée de ce changement amènera des bénéfices majeurs pour l’humanité. Elle y voit aussi de grands avantages économiques, puisque les énergies renouvelables devront générer au moins 90% de la demande mondiale d’électricité d’ici 2050. Pour permettre une telle croissance de sources énergétiques non émettrices de gaz à effet de serre, l’AEI confirme que des investissements de l’ordre de 400 milliards de dollars par année seront nécessaires d’ici 2030, soit plus du triple des investissements actuels.
Il est cependant malheureux de constater que la communauté internationale est loin de faire le nécessaire pour éviter le naufrage climatique et il en est de même pour le Canada, qui, à l’encontre des recommandations, projette actuellement une croissance de 30% de sa production pétrolière et gazière d’ici 2040. Nous apprenions même récemment, selon des données publiées en avril, que les émissions mondiales de GES connaissent actuellement un rebond majeur, nous ramenant tout près du niveau d’émissions observé en 2019 avant la crise sanitaire planétaire. Selon L’ONU, ce scénario d’augmentation serait non viable et confirme que les engagements pris par les États ne sont toujours pas à la hauteur, cinq ans après la signature de l’Accord de Paris, malgré l’urgence de la situation.
Il est donc impératif d’affirmer que l’ampleur et la rapidité des efforts requis dans l’atteinte de nos objectifs de réduction d’émissions de GES sera probablement le plus grand défi que l’humanité aura à relever. Espérons que des solutions concrètes permettant l’accélération des efforts nécessaires feront leur apparition, afin de nous permettre d’atteindre efficacement nos objectifs de carboneutralité. Souhaitons-nous aussi que la population planétaire mette tout en œuvre pour agir rapidement et nous éviter de vivre dans un monde où la diminution de l’espérance de vie et le recul de la qualité de vie pourraient devenir nos plus grands ennemis.
Source : Le Devoir
Photo : Agence France Presse