Budget du Québec : L’État doit en faire plus pour réduire ses GES
Le gouvernement du Québec demande aux entreprises et aux citoyens québécois de réduire leurs émissions de GES, mais en fait-il assez de son côté pour diminuer les siennes?
En effet, l’État se vente d’être première de classe en émission de gaz à effet de serres, mais, dans la réalité, les émissions Québécoises ne baissent à peu près plus depuis 2014 et ont même une tendance légèrement à la hausse, si on exclue les années 2020 et 2021 en raison de la pandémie. Il est encore tôt pour juger l’impact du Plan pour une économie verte de 2030, adopté par le gouvernement, mais l’objectif de réduire les GES de 37.5% par rapport au niveau de 1990 d’ici 2030 et de les ramener à zéro d’ici 2050 semble difficile à atteindre et, pour y arriver, il deviendra de plus en plus inévitable de devoir changer drastiquement d’approche.
À l’heure où on demande de plus en plus d’efforts à la population québécoise (citoyens et entreprises confondus), le plus grand investisseur, employeur, donneur d’ordres et gestionnaire de bâtiment du Québec doit en faire plus lui aussi, comme toute bonne entreprise socialement responsable. Le Québec signe pour environ 14.5 milliards de dollars de contrat publics annuellement et les réductions des émissions de GES ne figure pas encore comme une priorité dans l’attribution des contrats. L’État est également le principal investisseur du Québec et le plan québécois des infrastructures représentera des investissements de 150 milliards de dollars dans les dix prochaines années, dont 80 milliards sont réservés au maintien du parc d’infrastructures. Ces investissements dans nos routes, nos écoles, nos hôpitaux, nos bâtiments publics et nos transports collectifs sont cruciaux pour infléchir les émissions de GES et améliorer notre résilience et notre adaptation devant une crise climatique qui s’accélère, et alors qu’on sait pertinemment que prioriser le climat dans ces décisions pourrait définitivement changer la donne, les objectifs climatiques continuent d’être traités comme des enjeux périphériques sans véritable modifications.
L’état doit en faire définitivement plus pour pouvoir arriver à atteindre ses objectifs. Cela exige d’inscrire la lutte contre les changements climatiques au cœur de ses missions prioritaires et d’élever cette priorité au plus haut de l’appareil gouvernemental plutôt que de laisser chaque ministère déterminer son rythme et ses cibles. Cette solution passe inévitablement par le budget du gouvernement où l’ensemble des décisions budgétaires et d’investissement doivent prendre en compte leurs impacts sur les GES. L’État doit consacrer les ressources financières requises à la décarbonation de ses propres opérations et agir dans un optique d’exemplarité. Pour y arriver, le Québec doit se doter de cibles et les inscrire au cœur de son processus afin de conserver sa crédibilité aux yeux de ses entreprises et de ses citoyens.
Source : L’actualité par Karel Mayrand
Photo : Le Devoir